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HISTOIRE
de la pinasse à voile du bassin d'arcachon
Texte de Hubert CHARPENTIER (1er président de l'Amicale des Pinasseyres)
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Origine
des pinasses à voile |
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A quand remonte la
pinasse du bassin d'Arcachon ? La désignation elle-même ne fait
pas l'unanimité chez les historiens. On peut lire dans
"Bateaux des côtes de France" de François Beaudouin (aux
Edition des 4 Seigneurs), grand spécialiste en batellerie, qu'on
retrouve le nom au XVIème siècle, désignant différent types
d'embarcation, notamment à Bayonne. Pour lui, le mot pinasse ne
vient pas forcément du fait qu'elles étaient construites en pin
, ce qui semblerait assez logique. La racine serait plutôt
"péniche" ou "pinace" du côté péninsule
ibérique ou Britanique. C'étaient des bateaux de service de
toutes tailles qui n'avaient pas grand chose à voir avec notre
actuelle pinasse du Bassin d'Arcachon. On peut lire dans sa
structure plusieurs influences. Nordique pour le clin,
Méditerranéenne pour les tollets, traversant le plat-bord,
Basque pour le gréement, et Américaine pour le puits de dérive
central. La membrure ployée et la quille d'angle assez
caractéristiques pour un bateau à fond plat sont une
originalité qui a sans doute été mise au point progressivement
par les constructeurs locaux. Construction très savante pour un
bateau de travail. Les deux cornes constituées par les
extrémités de la cingle de part et d'autres de l'étrave lui
donne une touche exotique qui attire l'oeil et fait
l'originalité. Elle contribue à donner aux paysages propres du
Bassin cette sorte de dépaysement que l'on ressent quand on les
découvre pour la première fois. Ceci était évidement bien plus
sensible autrefois, maintenant que la majorité des bateaux
naviguant sur le Bassin ne doivent plus rien à la construction
locale. L'esthétique navale s'est considérablement détériorée
au fil des innovations dans les nouveaux matériaux et leur mise
en oeuvre. La pinasse à voile, avec son port de reine, tranche
vraiment au milieu de toute cette flotte disparate et reste comme
un témoin, un rappel des dangers de la standardisation, qui tend
à gommer toutes les différences, en architecture navale. C'est
aussi l'un des buts de l'Amicale des Pinasseyres, de maintenir à
flot ce fleuron d'une production locale, adaptée à une
profession et aux conditions particulières de la navigation sur
le Bassin d'Arcachon. Nous écrivons ainsi la fin d'une histoire
de notre patrimoine maritime et la comparons aux réalisations
actuelles qui ne nous séduisent pas outre mesure !...
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Historique
des régates |
Les dernières
régates début des années 60'
Cercle de la
Voile Arcachon
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Comme sur toutes les
côtes Françaises, les marins pêcheurs se livraient à des
régates, soit le jour de la Fête des localités, soit dans un
but plus professionnel pour être les premiers à débarquer la
pêche. A ce titre nombre de bateaux, d'équipages, de patrons
acquirent une certaine notoriété et furent l'objet de contes
quasi légendaires. A titre d'exemple, sur la côte noroît, avant
guerre, Pierre Pierre et sa voltigeuse fûrent célèbres;
Exploits et manoeuvres audacieuses se transmettaient au cours de
non moins fameuses remises de prix et apéros qui s'ensuivaient.
Pour notre
génération, on peut dire pour l'avoir vécu, que les régates de
pinasses à voile entre ostréiculteurs, marins pêcheurs
durèrent jusqu'en 1962. Les dernières années on ne comptait
plus que cinq ou six pinasses. La Marie-Louise était la seule
menée par des non professionnels, des estivants, des "miquets"
comme les surnommaient plaisament les gens du cru, les assimilants
à ces migrateurs de l'été !
Une ultime
régate eut lieu à Lanton cette année 1962. Faute de
participants, ces manifestations cessèrent. Le vide dura jusqu'à
ce 15 août mémorable ou Pierre MALLET, alors Président du
Cercle de Voile d'Arcachon (CVA) convoya à Arcachon les pinasses
à voile. C'était en 1982. Quand la Marie-Louise se présenta sur
la plage d'Eyrac, elle ne trouva que "Souvenir" et son
équipage de Testerins embarqué sur la dernière pinasse
naviguant encore, pour l'amour de l'art; Un troisième
"engin" avec un gréement en balatron qui évitait la
fameuse manoeuvre du virement de bord remporta cette première
coupe sous les huées des derniers accrocs. Les Squenel, les
frères Sanz et Charpentier, soudés dans une même indignation
décidèrent sans doute ce jour-là, au bistrot - là ou se
passent souvent les grandes décisions ! - que ce n'était pas
possible, d'autant que Pierre MALLET ne semblait pas hostile à
cette "modernisation" de la pinasse à voile.
Consternation et résolution. Il faut faire une association de
"vraies" pinasses pour barrer la route à cette
embarcation naviguante. Petit à petit, saisons après saisons,
les Testerins s'activèrent pour mettre à l'eau les derniers
bateaux encore récupérables, trouver des voiles, des mâts
perdus au fond des chais. La Belle, Goudurix, l'Afrique, la Clé
des Coeurs. Premier espoir, la Véraline fût mise en chantier,
enfin une pinasse neuve chez RABA ! Le grand tournant en 1985,
naissance officielle de l'Amicale des Pinasseyres qui se propose
de rassembler toutes les pinasses existantes et d'en faire
construire de nouvelles. Le sauvetage in extremis de notre
patrimoine maritime est en bonne voie, Pierre MALLET est revenu
sur son acceptation d'une pinasse "modernisée" et il
sera l'un de nos plus ardents défenseurs à Arcachon. De deux
pinasses en 1982, la flotte est aujourd'hui de plus de vingt
unités réparties dans les dix ports d'attache : Arcachon, La
Teste de Buch, Gujan-Mestras, Lanton, Andernos, Arès, Claouey,
Piquey, Le Canon, le Cap Ferret.
La tradition des
régates d'été a été reprise, le jour des fêtes des
différentes localités autour du Bassin.
L'Amicale des
Pinasseyres s'efforce de concilier date des fêtes, horaires des
marées, pour que cette animation du plan d'eau puisse se
dérouler dans chaque localité, comme cela se faisait autrefois.
La différence
principale réside dans ce que toutes ces pinasses n'appartiennent
pas à des particuliers professionnels, mais aussi à différentes
municipalités qui ont à coeur de reconnaître l'utilité de
conserver à flot ce bateau typique du Bassin, si particulier dans
ses formes, sa construction, son gréement et le style de
navigation qu'il impose.
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Histoire
de la jauge "pinasse à voile" |
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Au départ il n'y a
pas de véritable jauge. Le bateau utilitaire s'adapte au service
auquel il est destiné, pêche, ostréiculture, dans ou hors
Bassin, transport de la pêche.
A l'aviron ou à
la voile. On peut dire qu'elle est construite un peu à la
demande, ses dimensions principales varient : 5 mètres, 6
mètres, 8,50 mètres, jusqu'à plus de 10 mètres pour les
pinasses de côtes qui pêchaient à la traïne, sur la côte
Atlantique.
La construction
elle-même a évoluée. La membrure ployée, la quille d'angle, le
puit de dérive, ont succédés à la membrure chantournée, au
chevillage en bois, au clin franc, comme les peintures ont pris la
relève du brai et du coaltar. On peut noter que les plats-bords
si utiles avec les grandes voiles utilisées en régates
n'existaient pas sur toutes les pinasses de service propulsées à
l'aviron.
Les premières
unités rescapées du grand naufrage des années 62-82 étaient
assez disparates en longueur, 6m50, 7m, 8m50 et 8m60. Au moment de
la reprise des constructions de pinasses neuves, l'Amicales des
Pinasseyres préconise de fixer la longueur à 8m50, longueur
moyenne et agréée par les premiers "pinasseyres".
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Histoire
des logos des 4 pinasses à voile d'Arcachon (dessiné par
Hubert Charpentier) |
La Jeanne d'Arc
Notre-Dame
des Passes
Notre-Dame
d'Arcachon
St-Ferdinand
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C'est en 1986 que
Pierre MALLET alors conseiller municipal à la Mairie d'Arcachon
rejoint le mouvement déclenché par la création de l'Amicale des
Pinasseyres. Il obtient de la Mairie la construction des 4
premières pinasses municipales. Sur les conseils de la première
équipe du bureau de l'Amicale, il est décidé de recourir à
deux chantiers de construction, DUBOURDIEU et RABA, dans le but de
conserver une certaine différence de construction et ne pas
tomber dans le risque de monotypie que les pinasses de nos anciens
n'avaient pas. Pierre MALLET choisit lui-même la couleur (le
noir, jaune et blanc couleurs d'Arcachon), les quatre associations
à qui seraient confiées chacune des pinasses, et le logo devant
évoquer chacune des quatre paroisses d'Arcachon, pour rejoindre
un certain esprit traditionnel. Le dessin de ces logos fut confié
à Hubert CHARPENTIER, premier président de l'Amicale des
Pinasseyres.
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Autres
logos dessinés par Hubert Charpentier |
Ferret-Capie
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Marie-Louise remplacée en 2012 par l'Hirondelle
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Elvire
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